Tracy Cohen, chantre de la beauté clinique | Les Echos

A l’occasion de l'ouverture d’un nouvel établissement à Lille, le journaliste Olivier Ducuing a dressé le portrait de Tracy Cohen – Sayag, la directrice du groupe Clinique Champs-Elysées, dans le Journal Les Echos du 29 novembre 2019.

Tracy Cohen peut esquisser un sourire. L'inauguration officielle, ce jeudi soir, d'une clinique à Lille est le signe, pour elle, d'un retournement spectaculaire. Arrivée en 2011 au côté de son père pour sauver la clinique des Champs-Elysées en perdition, la directrice générale en a fait un haut-lieu de la médecine esthétique. Le nord de la France n'est qu'une étape. Un autre établissement devrait bientôt ouvrir ses portes à New York !

La fascination des chiffres depuis toujours

Dès son adolescence, le monde des chiffres interpelle la jeune Tracy Cohen. Son premier stage ? Dans une salle des marchés de la Société Générale, à 17 ans, juste après son bac. « J'adorais cet environnement ! » raconte-t-elle.

Puis, ce sera Dauphine pour un master « Finance d'Entreprise et Ingénierie Financière ». En 2008, elle part en année de césure, le temps d'accompagner trois anciens de la Deutsche Bank dont un de ses profs dans un projet de fonds d'investissement, Acadia. Lancé en plein tumulte Lehman et Madoff, le plan n'aboutira pas. « Mais ce fut le moment le plus formateur de ma carrière », juge, avec le recul, Tracy Cohen.

Après avoir décroché son diplôme, elle intègre Rothschild, comme analyste junior en « capital market », dans l'idée d'acquérir, durant trois ans, une expérience bancaire avant de rejoindre un fonds de « private equity ».

Mais la situation catastrophique de la clinique de son père en 2011 bouscule ses plans. A vingt-trois ans, cette aînée de six soeurs, qui avait toujours voulu éviter de travailler en famille, prend les rênes de l’entreprise paternelle.

Le sauvetage de la clinique paternelle

La nouvelle directrice passe un mois dans chaque service, les RH, le bloc, l'accueil, pour comprendre les dysfonctionnements, améliorer le système. « Il n'y avait même pas d'ordinateur pour les prises de rendez-vous, c'était le Moyen Age ! » dit-elle aujourd'hui.

Las, au bout d'un an, la situation s'est encore dégradée, comme du reste tout le secteur esthétique en France, les cliniques disparaissant les unes après les autres, plombées par les coûts fixes des blocs opératoires et l'interdiction de communiquer. « J'ai convaincu mon père de se mettre en redressement judiciaire en 2013 », raconte Tracy Cohen. Avec un moratoire de dix ans pour rembourser un passif de 4 millions d'euros.

Une renaissance portée le nouveau marché de l’esthétique

Nouveau nom, rénovation des lieux pour 3 millions d'euros de plus, développement focalisé sur la médecine esthétique beaucoup plus rentable, apte à fidéliser davantage et populaire : en Europe, 1,7 milliard ont été dépensés dans ce domaine en 2016.

Le retour à l'équilibre arrive en un an, porté aussi par la fin des tabous. Les hommes eux-mêmes n'hésitent plus à franchir la porte. Ils sont 35 % des patients du groupe qui rajeunit aussi sa clientèle : un patient sur deux a moins de 35 ans.

De 2016 à 2018, la clinique atteint 13 millions d'euros d'activité avec une centaine de salariés. De quoi partir à l'offensive : la clinique lilloise devrait être suivie de petites soeurs à Bordeaux, Nice et Lyon. Quant à New York, l'ouverture devrait se faire, en coentreprise cette fois, sur la 57e Avenue.

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